Enfance




A Nîmes, les monuments étaient comme de très vieux aïeux, ruines de divinités, qui semblaient pouvoir reparaître d’un instant à l’autre : la maison carrée, le temple de Diane, la Tour Magne, les arènes, la porte de France… des pierres sans âges qui se découpaient sur fond de ciel immaculé, d’un bleu presque lavande tant la lumière du sud est crue. Petite dans ces espaces qui figuraient le passage d'un impensable temps, telle Diane, je devenais chasseresse.

Les jardins de la Fontaine... Je pouvais m’y perdre, passer des allées bordées de marronniers d’Inde au temple de Diane frais et ombragé, des différents canaux aux esplanades où crottaient les poneys, du nymphée central encadré de vases et de statues blanches au gigantesque double escaliers conduisant aux terrassements, au jardin de plantes méditerranéennes et à la tour Magne, tout en haut. Des heures durant, je classais les bogues de marrons en fonction de leur taille et de leur couleur. Je les alignais dans le sable de l’allée. J'avais la même fascination pour les dégradé de couleurs qui tachait le vert des feuilles quand l'automne arrivait.